Partager :
Initiative Pays d’Aix a rencontré Jean-Claude Hippomène, CEO de l’entreprise Nerya, spécialisée dans les solutions informatiques destinées à l’industrie. Avec beaucoup de bon sens, il nous rappelle l’importance de l’humain à l’ère du digital, mais aussi de la prise de risque dans un monde en constante mutation.

« Anticiper, faire confiance à l’humain et investir dans l’avenir ! »

JEAN CLAUDE HIPPOMENE

Souplesse de la start-up et capitalisation sur l’expérience

Jean Claude Hippomène est ingénieur mécanique, il intègre en 2005 l’entreprise ECP spécialisée dans le management de projet après avoir effectué ses 5 années d’étude en alternance, pour lui véritable accélérateur de carrière. Il devient rapidement Business Manager dans le Nucléaire avant de se voir confié en 2014 la Business Unit Solutions Informatiques. L’entreprise est rachetée par le groupe Assystem en décembre 2017. Soutenu par le groupe, Nerya se créée sous via une spin-off en avril 2018. Elle devient alors totalement indépendante et gagne l’agilité d’une start-up tout en capitalisant  sur l’expérience et le savoir-faire en développement de logiciels, acquises durant 20 ans.

Nerya propose aujourd’hui des solutions informatiques destinées à l’industrie qui accélèrent, sécurisent et assurent l’aspect règlementaire des plans de prévention et des permis de travail. Leurs logiciels permettent à des sites industriels à risque de maitriser des opérations de maintenance, en garantissant une sécurité optimale sans pénaliser la productivité. Leurs solutions qui travaillent la data en profondeur permettent d’obtenir une visibilité en temps réel de chaque intervention de maintenance effectuée dans une usine, un hôpital ou un navire. Malgré un ralentissement de l’activité dès septembre 2019 à cause des différents mouvements sociaux (gilets jaunes, retraites…), Nerya réalise un chiffre d’affaires de plus d’1 million d’euros soit une croissance de plus de 100%. En un an, l’entreprise est passée de 3 à 8 salariés ; « Le fait d’être indépendant nous à apporter une capacité à décider très rapidement et surtout de la confiance… Et cette confiance s’est traduite en investissements, ce qui a payé comme le témoigne notre chiffre d’affaires et notre taux de croissance ».

Cependant, ces investissements impactent logiquement la trésorerie de l’entreprise, Le Retour d’Investissement est planifié au premier trimestre 2020. Les opportunités affluent à partir de novembre 2019 pour se concrétiser à partir de février/mars 2020 . La crise du Covid  vient tout perturber ; les commandes en préparation ne sont pas signées : impossible d’aller faire des missions en Nouvelle-Calédonie, Martinique, Guyane. Pire, les usines s’arrêtent et suspendent voire annulent leurs projets et investissements : l’achat de solutions informatiques n’est plus la priorité dès que la survie de l’entreprise est en jeu. Ainsi, le chiffre d’affaires tombe à 0 durant les premiers mois de la crise. « Avec beaucoup d’efforts et d’ingéniosité, nous sommes aujourd’hui à 50% du CA de l’année précédente en espérant que les choses reviennent à la normale autour du mois d’octobre. »

 

La clé, c’est l’anticipation

Pour Jean-Claude, l’anticipation est essentielle, 10 jours avant l’annonce officielle du confinement, il appelle ses clients afin qu’ils règlent les factures. Au premier mois de confinement, Il place ses effectifs en chômage partiel : il ne faut pas garder mobilisé des ressources à peine occupée, quitte à reporter des livraisons. Des visioconférences hebdomadaires de 30 mn sont maintenues pour encourager chacun dans cette épreuve difficile sur le plan personnel et rassurer sur les orientations qu’il souhaite prendre.  Le deuxième mois, il sent que l’inactivité est pesante pour chacun de ses salariés, que l’entreprise se sclérose et que le démarrage se fera lentement à cause d’une inertie qui s’installe. Il décide donc avec son équipe de redémarrer alors que leur carnet de commande est vide ! Ils veulent être lancés et efficaces quand les commandes vont revenir. Il est fier de dire que NERYA a eu un comportement citoyen car elle n’a pas utilisé toute l’enveloppe des heures de télétravail qui lui avait été accordée. Pour soutenir sa trésorerie, il obtient un PGE puis effectue un benchmark sur toutes les aides disponibles, c’est ainsi qu’il prend connaissance de l’existence du dispositif COVID Résistance géré par IPA. Il se dit agréablement surpris par la rapidité de traitement de son dossier et ce, à chaque étape ainsi que par la qualité des intervenants bénévoles comme salariés. Elle se traduit par la pertinence des questions posées durant le comité. Malgré une expérience mitigée au sein des clubs d’entrepreneurs, il se dit prêt à rejoindre le Club IPA afin de profiter de l’expérience et du savoir-faire très diversifiés de ses membres, et de partager à son tour son expérience avec ceux qui en auraient besoin.

D’un point de vue humain, cette crise a été très dure. Malgré le télétravail, Jean-Claude tente d’entretenir le lien humain avec ses collaborateurs et de les préserver. Il autorise par exemple, un salarié qui vit mal le confinement dans son appartement sans balcon à venir dans l’entreprise pour changer d’air et profiter de la terrasse. Même si le travail à distance fait partie de l’ADN de l’entreprise avec l’utilisation intensive d’outils de visio-conférences et l’intégralité de sa documentation dématérialisée dans un cloud, la crise confirme l’importance d’une part de présentiel, mais aussi de la préparation du télétravail (lieu dédié au travail, connaissance des outils informatiques, connexion de qualité, sécurisation des données confidentielles…). Jean-Claude se retrouve aussi face à une grande diversité de clients, plus ou moins optimistes, plus ou moins préparés. Ses interlocuteurs ont été plus disponibles que jamais, mais il a déploré la difficulté à signer un contrat et le manque de prise de décisions dans le mode à distance : « Durant le confinement, nous avons fait des avancées sur de nombreux dossiers sans jamais rien signer ».

 

Un avenir entre opportunités et incertitudes

Pour Jean-Claude, cette crise a clairement montré les limites du télétravail. Il a aussi été rassuré par l’implication et la solidité de son équipe, son amour du travail et les sacrifices qu’elle est prête à faire pour préserver la viabilité de l’entreprise. La crise a mis en évidence l’interdépendance à l’échelle mondiale de l’économie, de la politique et de l’entreprise : « l’effet papillon ». C’est pour cela que pour lui, la veille à une échelle globale, est devenue primordiale.

Jean-Claude s’interroge : « Comment gérer le business demain ? ». Pour lui, cette crise représente une opportunité : ses logiciels constituent un accélérateur du télétravail, en dématérialisant des documents de sécurité, essentiels dans le fonctionnement de sites industriels. Une fois équipés ils n’ont plus besoin de faire passer des formulaires de main en main pour obtenir 4 signatures ! Ce qui est plus cohérent avec les nouveaux protocoles sanitaires. Quant à l’analyse des risques liés à la sécurité, ils peuvent être facilement transposés aux risques sanitaires sans aucun développement supplémentaires. Ainsi, les superviseurs de travaux qui ont été formés rapidement aux risques du COVID peuvent prendre les bonnes décisions en suivant les préconisations des logiciels NERYA qui apparaissent sur leur téléphone en fonction des situations.

Jean-Claude a choisi d’investir dans la communication web sur ces spécificités, risque payant puisque de nouvelles entreprises affluent pour des démonstrations des logiciels via les sites web Nerya. Chercher à se réinventer continuellement pour « ne pas mourir avant de profiter de nouvelles opportunités, car il est hors de question de s’arrêter là ! Le reflexe est de mobiliser des ressources au fur et mesure que le business affluent. Mais, je reste persuadé que les ressources mobilisées attirent le business ! On le voit avec les boutiques par exemple : Certains ont pris le risque d’ouvrir tôt, avec aucun client qui ne venait les premiers jours. Mais en les voyants ouverts régulièrement les clients sont revenus ! On ne peut pas tout fermer, attendre que le COVID soit vaincu et compter uniquement sur l’état providence et les aides régionales».

 

D’après une interview réalisée par Emma Guirandy pour IPA

 

Site Internet : https://www.nerya.fr/

 

BANDEAU PARTENAIRES