Témoignage de Thomas Coudrey, fondateur d'ITI Medics

Les origines d’ITI Medics

Depuis mes 15 ans, l'entrepreneuriat me fascine. J'apprécie le fait de pouvoir donner vie à un projet à partir de mon imagination et des réalités du marché. J'ai créé en étant mineur plusieurs petits projets, qui n'ont malheureusement pas pu voir le jour. Depuis toujours, à travers l'entrepreneuriat, mon rêve serait de changer la vie de millions de personnes à travers le monde.

À présent, laissez-moi vous raconter l'histoire de ITI Medics, le projet qui rythme ma vie depuis maintenant deux ans.

En voyant les difficultés rencontrées par mes grands-parents dans le suivi de leur traitement et en voyant les difficultés de ma compagne quant à la prise de sa pilule contraceptive en temps et en heure, j'ai commencé à me poser un tas de questions : pourquoi et comment régler ça ?

Thomas Coudrey, fondateur d'ITI Medics

Instinctivement, en tant que passionné par la technologie, je me suis dit qu'il fallait que je crée une application. Un outil numérique qui viendrait s'installer sur le téléphone du patient, et qui lui permettrait de suivre son traitement grâce à des rappels, de la pédagogie, etc.
À la suite de cela, j'ai commencé à me documenter : rapports de l'ANSM, rapports de l'académie nationale de pharmacie, thèses, discussions avec des médecins, des pharmaciens et des patients, etc. Je fis une réelle plongée au cœur d'un monde qui m'était alors totalement inconnu quelques semaines auparavant.

J’ai d’abord commencé à comprendre que le fait de suivre son traitement s'appelle l'observance, et que le fait de ne pas le suivre s’appelle l'inobservance. Par ces recherches, j’ai également découvert qu'il y a énormément de facteurs à l'origine de l'inobservance : manque d'informations, craintes, oublis, effets secondaires, isolement, etc.

S'est alors engagé, tous les jours, une réelle bataille face à l'inobservance. J’ai tenté, grâce aux technologies, de répondre à une problématique d'ordre planétaire, et qui, chaque année, coûte la vie de plus de 70 000 personnes en France, et des millions de personnes dans le monde, sans compter les millions d'hospitalisations. Cette problématique a aussi un impact sur la planète. Un médicament non utilisé, ou mal utilisé, est un médicament dont on se débarrasse tôt ou tard, et qui finira par polluer nos sols et nos rivières.

L’arrivée des besoins financiers

Le problème est que pour répondre à une telle problématique, il me fallait de l'argent, beaucoup d'argent. J’ai commencé par mon compte en banque : 11 000€. J’ai mis tout ce que j'avais sur la table. Heureusement, dans cette étape, j'ai eu la chance d'être aidé par un Monsieur, qui grâce au cabinet d'expertise comptable qu'il a fondé, m'a permis d'être accompagné tout au long du processus d'obtention des financements, et d'ouverture de la société.
A cette étape, plusieurs personnes me firent miroiter des sommes importantes : notamment des levées de fonds et je ne sais quelles autres choses qui, aujourd’hui, me semblent totalement déconnectées de la réalité. Psychologiquement, ce fut une étape très difficile : se lancer, faire confiance à ses interlocuteurs, me faire confiance à moi-même, etc.
J’ai commencé par Initiative Pays d'Aix en étant reçu par Karine, qui m'a immédiatement mis à l'aise, et m'a aidé dans toute la construction du dossier en tenant compte de ses spécificités : un jeune de 19 ans, sans expérience, sans diplôme avec un apport financier peu conséquent. Après plusieurs rendez-vous physiques et téléphoniques, Karine m’a proposé de passer à un comité numinov (orienté numérique et digital).

Malgré le stress, je suis parvenu à déballer tout mon pitch, puis est venu le moment du question/réponse. Je l’ai plutôt mal vécu, le jury n’a pas mis de gants, et a démonté mon projet point par point. Après une séance interminable, je suis sorti de la salle, puis du bâtiment, et je me suis dirigé vers l'arrêt de bus pour rentrer chez moi. J'ai appelé ma compagne pour lui expliquer que le projet était foutu, et que jamais le jury ne m'octroierait quoi que ce soit.

Le lendemain, alors que j’étais dans un bus, j’ai reçu un appel de Karine : LE COMITÉ AVAIT DÉLIBÉRÉ : J’AI ÉTÉ FINANCÉ À HAUTEUR DE 16 000€ !

A partir de cette étape, tout s'est accéléré : quelques semaines plus tard, j'ai obtenu un prêt de 20 000€ auprès de la Société Générale, j’ai lancé le développement de l’application avec des développeurs étrangers, puis j’ai recruté une alternante afin de préparer la stratégie de marketing : Ines.

Le développement de l’application

Petit à petit, je me rendais un peu partout dans l’écosystème : Frenchtech, technopole de l’Arbois, évènements de tout genre… Je pris conscience de l’importance de cette étape un peu tardivement, mais lorsque ce fut le cas, je me rendais deux à trois fois par semaine dans des événements, dans l’objectif de rencontrer de nouvelles personnes.

En parallèle, le développement de l’application avançait. Je faisais tous les jours des « allers-retours » avec les développeurs, en testant l’application, et en faisant des retours précis sur ce que j’attendais. Dans la même lignée, je travaillais sur le modèle économique : comment est-ce que mon projet, à la fois d’utilité publique, et avec une réelle dimension humaine, allait-il me permettre de faire vivre mon entreprise ? Cette problématique m’a fait passer de nombreuses soirées à douter, à essayer de comprendre, et souvent à déprimer.
Mais à force de me poser la question, et de la poser à tous mes interlocuteurs, j’ai fini par découvrir de nouvelles pistes. Pharmacies, laboratoires pharmaceutiques, mutuelles, etc. Tout un écosystème entoure le patient, et les possibilités étaient nombreuses ! 

Pour accélérer, je me devais de reprendre le développement de l’application en interne. J’ai alors commencé à chercher un développeur, en alternance. J’ai alors rencontré Enzo, sa timidité et sa passion pour l’informatique. Ni une ni deux, le lendemain nous signions son contrat avec l’école. Quelqu’un d’aussi passionné… Je me devais de l’avoir dans l’entreprise.
Quelques jours plus tard, il reprenait alors la main sur le code source, pour faire évoluer ITI Medics.

Thomas et son équipe, Ines et Enzo

Grâce au pôle PEPITE Provence, et au statut national d’étudiant entrepreneur, j’ai eu la chance d’être suivi par deux tuteurs. Je fis alors la rencontre de Michel, qui était alors délégué à l’entrepreneuriat de l’école des Mines de Gardanne, puis je fis la rencontre de Côme : un chargé d'affaires à l’incubateur Impulse. Les deux m’accompagnaient dans la structuration de mon projet.
Or, après quelques semaines, l’incubateur Impulse m’intéressait énormément. J’avais déjà la volonté de faire rentrer mon projet dans une démarche scientifique, et l’incubateur inter-universitaire Impulse correspondait en tout point à ce que je souhaitais faire.

Dès lors, je commençais des discussions avec des professeurs de l’AP-HM (Assistance Publique - Hôpitaux de Marseille), afin de voir les synergies qui pouvaient se créer, afin de développer un outil qui aide le patient ET les professionnels de santé, tout en donnant une démarche davantage scientifique au projet.

Tout en me préparant à ce comité, et en gérant les opérations quotidiennes de mon équipe, je réfléchissais à une problématique de taille : les locaux. Travailler à distance, ou dans des lieux publics, ça pouvait dépanner pendant quelque temps, en revanche, cela n’était pas une solution durable.
Quelques jours avant le comité Impulse, je me suis rendu, avec toute l’équipe, à la pépinière de Meyreuil pour rencontrer Damien Dietsch, le directeur. Je lui ai présenté alors l’équipe, notre projet, en lui expliquant que nous étions en pré-incubation à Impulse, et que nous cherchions un lieu pour nous réunir, et travailler dans de bonnes conditions. A la fin du rendez-vous, il nous a dît qu’il ferait passer le dossier en comité, si, et seulement si notre incubation à Impulse était acceptée. Le comité d’incubation devenait alors crucial pour le développement de l’entreprise.

Le 17 mars 2022 a eu lieu le comité d’incubation Impulse, qui a validé l’incubation d’ITI Medics.

En quelques semaines, Damien, Côme et moi avions préparé le dossier pour le comité d’intégration de la pépinière puis Damien m'a informé que le jury avait de nouveau approuvé le dossier, nous allions bientôt pouvoir avoir des locaux !

Les enjeux d’ITI Medics

Aujourd’hui, ITI Medics est devenu bien plus qu’une solution d’accompagnement des patients. En effet, l’utilisation de l’application génère des données, qui, une fois anonymisées, peuvent-être agrégées à une intelligence artificielle, dans l’objectif d’identifier des patterns, et de prédire l’apparition de maladies, en temps réel, et en aidant les professionnels de santé dans le diagnostic et la prescription. Ainsi, ITI Medics vient aujourd’hui apporter une solution permettant de tendre vers la médecine 4P : Prédictive, Personnalisée, Préventive et Participative.

Nous nous sommes également rendu compte que les industries pharmaceutiques et que les autorités de santé rencontrent des difficultés dans le suivi des médicaments une fois l’autorisation de mise sur le marché octroyée. Effets indésirables, impact sur la santé des patients, bénéfices, risques… Les données collectées par ITI Medics permettront dès demain d’apporter à l’ensemble de ces acteurs des informations complètes, et indispensables à l’évolution de la médecine dans le temps.

Aujourd’hui, Ines, Enzo, les différents accompagnateurs, les testeurs et moi-même travaillons pour créer la médecine de demain.

Je tiens à remercier toutes les personnes qui m’aident au quotidien dans le développement de ce merveilleux projet, notamment : ma merveilleuse équipe (Ines et Enzo), Côme, Michel, Damien, Pierre, Stéphane, Guillaume, Florian, Elyes, Carine, Agnès, Marie, Nathalie et Thelma. Merci également à Jasmine, ma compagne qui, comme vous avez pu le voir tout au long de mon histoire, m'apporte un soutien quotidien dans toutes les étapes de l'aventure.

Pour résumer, l’entrepreneuriat m’a permis de me dépasser, de faire des rencontres extraordinaires, et de repousser chaque jour mes limites. J’ai passé des nuits et des journées à travailler, stresser, pleurer, rire, déprimer, exulter, etc. Pour rien au monde je n’échangerais ce que je vis au quotidien.

Thomas Coudrey